• chronique d'une journée

    Ce matin, un vieux monsieur lisait La Croix dans le bus, en face de moi... J'ai failli lui dire : "Monsieur, vous savez, je fais justement un stage à La Croix en ce moment, vous verrez le numéro d'aujourd'hui est très bien. Ah ! et puis regardez, cette brève-là, sur la page 2, sur EDF, elle est de moi. Et celle-ci, que vous venez de regarder sans la lire et sans la voir, la petite EMPLOI, avant le dossier sur le linceul de Turin, elle est de moi aussi." Mais je n'ai rien dit... J'ai juste regardé ses yeux fatigués derrière les lunettes dorées parcourir le papier du journal. Et je me suis dit que je ne voulais surtout pas mourir. Ou alors décider de l'heure de ma mort. Et là, en écrivant ça, j'ai une chanson de Polnareff qui me vient dans la tête, alors que ce matin pas du tout, ça doit être qu'en fait je n'ai pas pensé exactement à l'expression "l'heure de ma mort". En tous cas, ça m'a angoissé. Je me demande surtout ce que je ressentirai quand j'aurai l'âge de ce vieux monsieur et que je saurai que je mourrai bientôt. Bizarre comme sensation. Bizarre.

    Après, comme tous les jours depuis lundi, j'ai pris le métro ligne 1 direction Château de Vincennes. Il y a un truc super génant sur cette ligne, je trouve. La première fois que je l'ai empruntée, j'ai vu qu'il y avait une station Argentine, et comme d'habitude, mon imagination s'est emballée et m'a fabriquée une station couverte de mosaïques scintillantes bleues et vertes comme la mer, avec des frises murales dans les tons rouges en haut des murs. Un truc dépaysant, quoi. Moi, j'y croyais dur comme fer à mon imagination. Alors forcément quand j'ai vu la réalité de la chose, ça m'a fait un choc : des murs blanc-hôpital, aucune décoration, des quais minuscules à cause de travaux, un sol tout crade, bref une laideur de première. Et pas de mosaïques.
    A part ça la ligne est plutôt sympathique et ma station, Franklin Roosevelt, est pour le moins étonnante et orange. Surtout orange. Bon, c'est pas très joli, mais on s'y fait voyez-vous, et puis au moins c'est original. Même que les lettres sont en blanc et en relief, pas sur un petit fond bleu-RATP comme à Argentine.

    Enfin, tout ça pour dire que je suis arrivée à Bayard Presse. Et pour une fois, j'ai pu rentrer sans encombres, parce que j'avais un nouveau badge spécial stagiaire, pas comme l'ancien qui ne marchera que le 4 juillet, ce traître.
    La journée s'est très bien passée encore une fois, avec un petit plus à 13 heures qui était bien agréable. J'adore ce stage, vraiment. J'aimerais que cela soit un stage d'au moins un mois. Vu mon enthousiasme, j'ai mis dans mon rapport de stage déjà terminé "je serai journaliste ou je ne serai pas." Ca fait bien je trouve. On va se dire "voilà une fille passionnée" et les gens ils aiment les passionnés.

    Le soir j'ai croisé des phénomènes masculins divers. Dans le métro, il y avait un homme un peu bizarre, la soixantaine, chemise hawaïenne, short, imperméable beige, chapeau multicolore et il avait des lunettes rondes qui font les yeux tout tout petits, comme dans les dessins animés, pareilles. En plus il souriait tout seul. Je crois qu'il devait penser à des trucs drôles ou alors il était super heureux mais en tous cas il était au bord du rire.
    Ensuite à La Defense, entre le métro et Auchan que je cherchais désespérement, j'ai croisé un couple de racailles sympas. Un des jeunes hommes m'a abordé, il m'a parlé et tout, mais heureusement pour lui j'étais d'assez bonne humeur alors j'ai parlé aussi. Ca s'est fini par le don de son numéro de téléphone (pas sûr qu'il soit vrai). Je crois qu'il s'appelle Alexandre, mais ce n'est pas certain, parce qu'il parlait dans sa moustache de pubère de 17 ans.
    Ensuite j'ai fini par trouver Auchan, j'ai pris une boîte de mélange de bonbons mégamous pour mon dernier jour de stage vendredi, et dans la queue il y avait un homme, un maghrébin sans doute. Il avait l'air gentil mais un peu triste. Il m'a dit quelques mots en rigolant, j'ai dit "ba oui !" et j'ai bien rigolé mais en fait je n'avais rien compris. J'espère qu'il n'y a vu que du feu. A la caisse il a donné plein de bons de réduction et il n'avait acheté que des produits blancs. Il a eu un regard bizarre quand la dame a dit que c'était 7 euros 50. Moi je me suis dit que c'était un père de famille qui faisait les courses avant de rentrer, après le travail. Il avait une serviette de travail à la main, mais elle était si plate que je crois qu'il n'y avait rien dedans...


  • Commentaires

    1
    Nicolas
    Mercredi 29 Juin 2005 à 23:00
    :)
    Merci, Vic, pour ce long texte ! Il est tres plaisant et rafrachissant. Il faut absolument que tJ'ai l'impression que tu continues d'écrire. C'est merveilleux de te voir prendre tant de plaisir à ce stage, qui en plus te donne l'envie de reprendre la plume le soir, une fois rentrée chez toi. Tu vas devenir, comme moi, une droguée de l'information écrite ! Sinon, ta petite chroniques de "choses vues" d'aujourd'hui me fait penser à celles qu'écrivait il y a un an ou deux je crois, Anna Gavalda pour "Télérama". Tout à fait sur le même principe que la tienne. La connaissais-tu ? Bon courage pour la semaine, et donne nous, si tu le peux, encore d'autres textes comme celui-ci. Je ne t'embrasse pas mais le coeur y est !
    2
    Coyote
    Dimanche 9 Octobre 2005 à 12:15
    Tiens ?
    Pas de réponse.
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